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Siobhan Stagg / Orchestre national de France / Cristian Mu0103celaru — Paris (Radio France)

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Spectacle
17 octobre 2022
Pâle Shéhérazade

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

César Franck (1822-1890)
Psyché, mouvements symphoniques : Sommeil de Psyché, Psyché enlevée par les zéphyrs, Les jardins d’Eros, Pysché et Eros

Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, trois poèmes pour chant et orchestre sur des vers de Tristan Klingsor : Asie, La flûte enchantée, L’indifférent

Serge Prokofiev (1891-1953)
Cendrillon, suite de ballet

Siobhan Stagg, soprano

Orchestre National de France

Direction musicale

Cristian Măcelaru

Paris, Auditorium de la Maison de la radio et de la musique, 13 octobre 2022

A vue d’œil, l’auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique était à peine à la moitié de sa jauge côté public, ce jeudi 13 octobre. Cristian Măcelaru et l’Orchestre national de France avaient pourtant choisi un programme original, remarquablement équilibré, dans la ligne que Radio France s’est fixée pour ses formations musicales : primauté à la musique française. 

Psyché sans chœur

Le bicentenaire de la naissance de César Franck (1822-1890) était le prétexte à entendre l’un de ses ultimes chefs-d’œuvre, trop rares au concert, son poème symphonique Psyché. Mais, alors que la collaboration avec le Palazzetto Bru Zane était fièrement affichée, pourquoi n’avoir donné que les quatre extraits purement symphoniques, l’œuvre, en sept « épisodes », faisant appel pour trois d’entre eux à un chœur ? Alors que le Chœur de Radio France est allé donner et enregistrer à Liège la version intégrale de Psyché, sous une direction malheureusement bien prosaïque (un coffret Fuga Libera), pour quelle mystérieuse raison était-il absent d’une production dans ses murs ? Belle occasion manquée. 

À cette Psyché tronquée qui ouvrait le concert, succédait une autre figure de légende : Shéhérazade, le cycle de trois mélodies de Ravel (1903) sur des poèmes de Tristan Klingsor. Initialement annoncée, la jeune soprano égyptienne Fatma Saïd avait cédé la place à l’Australienne Siobhan Stagg, qui avait revêtu pour l’occasion une ample robe brodée de rouge et d’or.


Siobhan Stagg © Simon Pauly / Radio France

Pâle Shéhérazade

Mais l’habit ne fait pas l’interprète, et si la voix ne manque pas de ressources – on l’a déjà entendue sur les scènes françaises – on peine à distinguer ce soir l’affirmation d’une personnalité, malgré la beauté du timbre.

On sait combien le premier et le plus long poème du cycle – Asie – est délicat comme je l’ai souvent entendu dire de chanteuses anglo-saxonnes… autant que d’interprètes francophones. Ne serait-ce que le tout début – Asie répété trois fois, la troisième sonnant comme « Azu » –  Siobhan Stagg s’efforce, sans toujours y parvenir, de dire le texte chantourné de Klingsor aussi clairement que possible, et sans doute trop occupée à cet exercice de diction, elle en oublie de conter, de raconter les désirs d’évasion, les rêves de voyage « avec la goélette… qui déploie enfin ses voiles violettes comme un immense oiseau de nuit dans le ciel d’or ». Le chef reste étonnamment prudent, placide, alors que Ravel fait surgir la houle. Un même sentiment de neutralité, de timidité presque, recouvre les deux mélodies suivantes – La Flûte enchantée et L’indifférent. Des tempi trop alanguis ne rendent pas justice au travail du chef sur les timbres et les alliages sonores. En bis, Siobhan Stagg semble plus à son aise dans le délicat Morgen de Richard Strauss, dans son tendre dialogue avec le violon de Sarah Nemtanu.

On veut espérer que la jeune cantatrice australienne persévérera dans l’art de la mélodie française. Quand on a réécouté Marylin Horne (avec Bernstein et le National, un « live » fameux de 1975), Felicity Lott (avec Armin Jordan) ou Anne-Sofie von Otter (avec Pierre Boulez, simplement idéal) pour ne prendre que quelques exemples d’illustres aînées non francophones, on sait que l’objectif est à sa portée. 

Cendrillon rutilante

Cristian Măcelaru et l’Orchestre national de France livraient en seconde partie une suite – choisie par le chef  – d’extraits du ballet Cendrillon (1945) de Prokofiev. Bravo pour l’originalité ! SI les suites de Roméo et Juliette sont régulièrement programmées – on ne s’en plaindra pas –, l’absence de l’autre grand ballet de Prokofiev, composé précisément à la demande du Marinski de Leningrad après le succès de Roméo (1936) mais créé au Bolchoi à Moscou, est incompréhensible. En matière de profusion mélodique, de virtuosité orchestrale, le second ne le cède en rien au premier. Et ce soir chef et orchestre donnent véritablement le sentiment d’être dans leur élément, brillant de tous leurs feux.

Ce concert a été redonné le 14 octobre à la MC38 à Grenoble et est toujours disponible à la réécoute sur le site de francemusique.fr

 

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Psyché, mouvements symphoniques : Sommeil de Psyché, Psyché enlevée par les zéphyrs, Les jardins d’Eros, Pysché et Eros

Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, trois poèmes pour chant et orchestre sur des vers de Tristan Klingsor : Asie, La flûte enchantée, L’indifférent

Serge Prokofiev (1891-1953)
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