Au côté des prestigieux festivals d’été consacrés à l’art lyrique, il est important de partir à la découverte des nombreux festivals de moindre envergure qui irriguent tout le pays et qui permettent souvent de faire découvrir l’opéra à un nouveau public. C’est le cas du festival des Parenthèses Musicales à Clohars-Carnoët (Finistère) qui est parvenu depuis 5 ans à convertir au théâtre lyrique un public fervent, très diversifié et toujours plus nombreux. Soutenu, avant tout, par la commune, qu’il faut ici féliciter, il est dirigé par le pianiste Yoan Héreau qui invite toujours de jeunes talents de haut niveau. Pour l’édition de cet été, plus de 2500 personnes se sont pressées aux différents événements proposés.
Le 28 juillet le festival a débuté par un concert en plein air donné, en fin d’après-midi, sur l’Esplanade de l’Océan, face à la baie majestueuse du Pouldu (les concerts de l’Esplanade sont gratuits). Quatre chanteurs ont ainsi interprété une suite d’airs et d’ensembles d’opéras de Mozart, dans une mise en espace tout juste dessinée, efficace et sensible, qui donnait au public réuni sur les bancs et pelouses l’impression d’assister en quelque sorte à une soirée d’opéra entre amis. Yoan Hereau plantait en quelques mots le décor et brossait un portrait savoureux des personnages en accueillant les chanteurs qu’il allait accompagner lui-même au piano avec délicatesse, précision et une complicité toute théâtrale. Précisons que, chef d’orchestre à ses heures, il a été pendant plusieurs années, chef de chant à l’Académie de l’Opéra de Paris.
La jeune soprano portugaise Raquel Camarinha à la voix légère et brillante débutait la soirée par l’air de Chérubin des Noces de Figaro très justement nuancé entre candeur et facétie. Enguerrand De Hys lui succédait dans l’air si exigeant de Tamino de La Flûte Enchantée. Remarquable ténor mozartien au timbre à la fois clair et vaillant, il allie la souplesse et un registre aigu lumineux à un legato sans faille et une diction allemande exemplaire (il a d’ailleurs décidé de s’établir en Allemagne). Ce sont les mêmes qualités qu’on retrouve dans l’air d’Ottavio « Il mio tesoro » de Don Giovanni où sa tenue de souffle lui permet de se jouer des vocalises redoutables et celui de Ferrando « Un aura amorosa » de Cosi fan Tutte avec de belles demi-teintes et dans un italien impeccable. Le baryton Victor Sicard, à la voix ample et bien timbrée, est excellent dans la truculence. Il interprète un Papageno haut en couleur aux côtés de l’espiègle Papagena de Raquel Camarinha. Enfin, la mezzo-soprano Anne-Lise Polchlopek, artiste en résidence à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Belgique, est exceptionnelle dans l’air de Dorabella de Cosi Fan Tutte. La voix est belle et quelle présence en scène ! Le concert s’achève par le Trio des Masques de Don Giovanni et un « Viva la Libertà » qui déchaîne les applaudissements d’un public debout.