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DONIZETTI, Don Pasquale – Nancy

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Spectacle
20 décembre 2023
Une adorable petite peste rose

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Dramma buffo en trois actes de Gaetano Donizetti

Livret de Giovanni Ruffini et Gaetano Donizetti

Créé à Paris au Théâtre-Italien le 3 janvier 1843

 

Nouvelle production
Opéra national de Lorraine
Coproduction
Opéra de Rouen Normandie
Opéra Nice Côte d’Azur

Détails

Mise en scène
Tim Sheader
Scénographie
Leslie Travers
Costumes
Jean-Jacques Delmotte
Lumières
Howard Hudson
Collaboration au mouvement
Steve Elias
Assistanat à la mise en scène
Louise Brun

Don Pasquale
Lucio Gallo
Norina
Vuvu Mpofu
Ernesto
Marco Ciaponi
Dottor Malatesta
Germán Olvera
Un notaro
Séverine Maquaire

Chœur de l’Opéra national de Lorraine
Chef de chœur
Guillaume Fauchère

Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale
Giulio Cilona
Assistanat à la direction musicale
William Le Sage

 

Nancy, Opéra national de Lorraine,  dimanche 17 décembre 2023, 15h

Le directeur de l’Opéra de Nancy, Matthieu Dussouillez, tenait à présenter pour les fêtes de fin d’années une œuvre festive à destination de tous les publics : le choix de Don Pasquale est ainsi d’autant plus bienvenu que la mise en scène en a été confiée à un ancien de la Royal Shakespeare Company qui a également fait ses armes dans la comédie musicale. Le metteur en scène britannique Tim Sheader, dont il s’agit des débuts en France, a scrupuleusement respecté la consigne qui consistait à faire rêver tout en s’inscrivant dans un regard contemporain. Il s’est visiblement plié à ces contraintes avec délices, nous offrant un spectacle gai, frais et pétillant ; l’enthousiasme communicatif des chanteurs qui ont tenu la dragée haute avec brio, des chœurs impayables en lutins roses ahuris et un orchestre aux sonorités tout en effets de gourmandises et de délectation ont achevé d’éblouir un auditoire totalement conquis au terme de ces aventures bouffonnes hautes en couleur.

© Jean Louis Fernandez

Les péripéties de l’opéra bouffe de Donizetti se succèdent en un rythme effréné, tout en étant hautement improbables. Tim Sheader n’a donc pas hésité à en rajouter dans le délire visuel, assumant totalement un kitsch hollywoodien à la Jane Mansfield mâtiné de mauvais goût très sûr, très nouveau riche, égratignant au passage par allusions visuelles toute une ribambelle de célébrités. Il a toutefois poussé les comédiens à jouer avec un certain naturalisme, ce qui met en valeur leur personnalité plus fouillée et profonde qu’il n’y paraît à première vue. S’inspirant de la série Succession où l’on suit les manigances des prétendants à un fastueux héritage, l’ambiance choisie est celle du building d’un magnat où se déploient les bureaux des employés, s’ouvrant sur le bureau/appartement de Don Pasquale dont on nous précise qu’il n’est pas sans être influencé par le repère d’un méchant de James Bond. Le cinéma est largement évoqué, mais aussi les classiques de la comédie musicale. On s’amuse beaucoup de la transformation de la classique demeure du barbon en bonbonnière digne des Disney les plus doucereux ou plus malicieusement, de la confiserie chamarrée d’un Willie Wonka. Si l’on ne rit pas à gorge déployée, on s’amuse constamment tout en explorant avec intérêt les motivations des uns et des autres. Don Pasquale a totalement perdu son pouvoir et le pathétique de sa chute n’est pas sans susciter l’empathie. Le neveu Ernesto est vain et peu consistant, vivant de guitare et de trottinette tout en rêvant d’amour et d’eau fraiche. La belle Norina, agent d’entretien, se laisse lutiner et plus si affinités par Malatesta, ambitieux, jaloux de son patron et peu scrupuleux, tout à ses petites affaires. On est poussé à se poser des questions sur les intentions de la jeune héroïne : est-elle en train de manœuvrer pour hériter de la fortune de son amoureux ou est-elle sincèrement éprise ? Toute une galerie de personnages, donc, assez peu sympathiques si l’on y réfléchit, mais si réels au demeurant, cependant sublimés et transcendés par la musique et la ligne mélodique. Nous avons de la chance : non seulement le spectacle est de haute qualité scénique, mais en plus, le vieux briscard incarnant le rôle principal est entouré d’une jeune équipe de voix montantes qui nous a fait pétiller l’oreille et les sens, le tout au service du bel canto le plus pur.

© Jean Louis Fernandez

Saluons tout d’abord la performance de Marco Ciaponi, qui remplace au pied levé Michele Angelini, souffrant. Le ténor italien incarne un Ernesto successivement évaporé, désespéré puis triomphant avec une palette de nuances suaves et raffinées, où l’élégance le dispute avec la beauté du timbre. Agilité, brillance et apparente facilité achèvent d’intriguer favorablement l’auditeur. La superbe soprano sud-africaine Vuvu Mpofu fait merveille dans le rôle de Norina, experte en minauderies et éclats de voix spectaculaires dignes d’une Jean Harlow dont elle arbore le blond platine cranté et dotée d’une personnalité rayonnante et charismatique, campant avec appétit et talent une adorable petite peste. Les performances vocales sont à l’avenant, cantilènes tout en étendue gourmande, suraigus lancés avec délectation comme en amuse-gueules de vocalises à la maîtrise insolente, juvénile et décidée. En toute subjectivité, permettons-nous d’afficher une petite préférence pour le baryton mexicain Germán Olvera, Malatesta séduisant en diable, au timbre tout en charmes enchanteurs en enjôleurs, doté d’un legato à se pâmer. Son canto sillabico (les notes débitées à la mitraillette) est électrisant et grisant, forçant le respect. La voix possède en outre des qualités de projection qui n’ont rien à craindre des orchestres les plus sonores. Et la vis comique du jeune homme est évidente. Un régal ! En Don Pasquale tout à fait dépassé par les événements, suant et chevrotant, le chevronné Lucio Gallo apporte tout son art de la scène et une voix qui accuse quelques signes de fatigue en l’occurrence bienvenus. Mais le baryton italien possède encore de beaux restes et l’adéquation à son personnage est idéale. L’alto Séverine Maquaire réussit, malgré son rôle très court de notaire, à impressionner très favorablement, couronnant ainsi une impeccable distribution.

Les chœurs sont, comme souvent à Nancy, formidables et très à l’aise dans leur improbable chorégraphie. L’orchestre Opéra national de Lorraine est quant à lui parfaitement à l’aise avec le répertoire belcantiste. La direction inspirée de la star très demandée belgo-américaine Giulio Cilona, chef d’orchestre par ailleurs pianiste et compositeur, achève d’emporter l’adhésion du public nancéien, décidément très gâté.

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Dramma buffo en trois actes de Gaetano Donizetti

Livret de Giovanni Ruffini et Gaetano Donizetti

Créé à Paris au Théâtre-Italien le 3 janvier 1843

 

Nouvelle production
Opéra national de Lorraine
Coproduction
Opéra de Rouen Normandie
Opéra Nice Côte d’Azur

Détails

Mise en scène
Tim Sheader
Scénographie
Leslie Travers
Costumes
Jean-Jacques Delmotte
Lumières
Howard Hudson
Collaboration au mouvement
Steve Elias
Assistanat à la mise en scène
Louise Brun

Don Pasquale
Lucio Gallo
Norina
Vuvu Mpofu
Ernesto
Marco Ciaponi
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Chœur de l’Opéra national de Lorraine
Chef de chœur
Guillaume Fauchère

Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale
Giulio Cilona
Assistanat à la direction musicale
William Le Sage

 

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