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Récital Christian Gerhaher & Gerold Huber —

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Spectacle
19 septembre 2014
Gerhaher, mystérieux et magique

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Pensez à réserver avant ou après votre spectacle au restaurant du Palais Garnier

Détails

Christian Gerhaher, baryton

Gerold Huber, piano

Lieder sur des poèmes de Johann Wolfgang Goethe

Franz Schubert

Sehnsucht
Hoffnung
Wonne der Wehmut
An den Mond
Geheimes
Rastlose Liebe
Nachtgesang
Schäfers Klagelied

Wolfgang Rihm

Willst du dir ein gut Leben zimmern
Worte sind der Seele Bild
Heut und ewig
Höchste Gunst
Parabase

Aus „Wilhelm Meisters Wanderjahren“

Franz Schubert

Wer sich der Einsamkeit ergibt
Wer nie sein Brot mit Tränen aß
An die Türen will ich schleichen

Prometheus
Mahomets Gesang (extrait)
Ganymed
An Schwager Kronos

Wolfgang Rihm

Harzreise im Winter

Franz Schubert

Willkommen und Abschied

Amphithéâtre de l’Opéra-Bastille, 19 septembre 2014, 19h30.

Connaissez-vous ces pièces blanches et nues que meublent un piano, une table, quelques livres ? Au mur, parfois, un cadre étroit présente un paysage tourmenté. On en voit dans les gravures anciennes, ou dans quelques maisons d’Allemagne et d’Autriche préservées par le temps. Telle est, par exemple, la maison natale de Schubert, à Vienne. C’est dans cette atmosphère naturellement recueillie et simple que s’élevèrent jadis les lieder que Franz faisait entendre à ses amis. C’est dans ce cadre aussi qu’un film nous présente Christian Gerhaher, vêtu domestiquement, chanter An die ferne Geliebte avec Gerold Huber comme seul complice et, semble-t-il, Beethoven pour premier témoin. L’autre soir, on se sentit projeté dans ce dénuement ascétique, qui autour de lui crée spontanément l’attention : l’amphithéâtre de Bastille, avec ses cinq cents places, sembla soudain un espace familier et austère, où l’on écoute entre soi. Et ce n’est pas mince exploit que ce public parisien ait offert à Gerhaher un silence et même une réponse silencieuse aussi profonds et ardents. Que la série « Convergences » ait fédéré ce public trop sevré de lied et de musique de chambre restera son grand succès, le mérite absolu de Christophe Ghristi ; sa disparition programmée n’en est que plus désastreuse.

Le programme pourtant ne fut pas particulièrement accessible. Des Schubert pas vraiment tubes, parfois franchement tunnels. Mais détaillés avec une plastique de timbre et de souffle inouïs. Gerhaher a, il faut bien le dire, une voix fragile, sans véritable assise grave, sans aigus épanouis ; le timbre même, aimable, n’est pas souverain ; mais la projection est fascinante car au dernier rang on entend le grain d’une voix dont on se dit qu’elle ne devrait pas nous parvenir aussi proche, tant elle est peu sonore. Mystère de Gerhaher ! De cette fragilité, Gerhaher fait une emprise : car jamais nous ne sommes sûrs qu’il ira bien au bout, qu’il conduira sa ligne à bon port, que le lied ne va pas, soudain, s’évanouir dans l’air. Mais non. Non seulement il ne cède pas, mais il apporte à tout lied un modelé qui est entièrement dans l’énergie du souffle, qu’à l’infini il varie et nuance. De là une coloration des mots – qui sont vie et récit mêmes. Les Harfenspieler portent une désolation sans fond ; les huit strophes de Prometheus (si littérairement sophistiquées) passent comme un rêve que nous nous surprenons à trouver trop bref ; Ganymed est céleste comme il doit être alors que rien dans la voix même de Gerhaher ne prédispose à l’envol – mais tout est dans un momentum rythmique d’une finesse imparable, à quoi Huber veille avec une intelligence absolue.

Comme si les Goethe de Schubert ne suffisaient pas, Gerhaher proposait ceux de Rihm, dont le Harzreise im Winter écrit sur mesure en 2012. Là se rencontre l’art de Rihm et celui de ses interprètes – car ce voyage étrange dans les montagnes enneigées raconté par Goethe en des vignettes décousues et presque jetées comme un crayonnage fait entendre la voix de Gerhaher dans sa stricte pureté narrative, comme si soudain Rihm lui refusait la facilité mélodique pour en faire surgir la capacité de vision et de description qui est dans les mots seuls : ballade de diseur, ou de rhapsode platonicien, comme on voudra.

Gerhaher conclut son programme sur la crucifiante difficulté d’un Willkommen und Abschied où l’énergie mélodique est supplanté par un ton de confidence rarement entendu ici ; le public qui pouvait se croire revenu en terrain connu retient son souffle et une fois de plus suit le baryton sur les sentiers escarpés qu’il emprunte quand il eût pu céder à la facilité de l’entraînement mélodique. Annoncé souffrant, Gerhaher aura mené à bien un programme héroïque : on aura perçu, çà et là, des fêlures de timbre, des matités peut-être, mais qu’importe dans une vocalité qui ne fait pas de l’émail et de la splendeur des résonances son atout. Au contraire, il se pourrait que cette santé vacillante ait porté le baryton plus loin dans le cisèlement du récit et le renoncement à tout prestige facile – nous menant plus loin dans les neiges ardentes de cette soirée hors-norme.

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Wer nie sein Brot mit Tränen aß
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Mahomets Gesang (extrait)
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Franz Schubert

Willkommen und Abschied

Amphithéâtre de l’Opéra-Bastille, 19 septembre 2014, 19h30.

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