Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Octobre
2005

 

29/10/05

Les lettres de Maria Callas

Alors que ses bijoux s'exposent à Covent Garden (lire la brève du 18 septembre dernier puis jeter un coup d'oeil virtuel sur l'exposition londonienne), Maria Callas occupe de nouveau le devant de la scène. Une dizaine de lettres écrites de sa main seront mises en vente par Christie's le 30 novembre. Elles furent acquises dans les années 70 par le père de l'actuel propriétaire. Cette correspondance est précieuse car relative au conflit orchestré par la cantatrice afin de mettre un terme au contrat qui la liait au Metropolitan Opera. Tout cela dans le but d'effectuer une tournée autrement lucrative dans les grandes villes des Etats-Unis. La fabuleuse cantatrice y démontre son tempérament de diva. Agressive, intransigeante et passionnée, elle s'adresse à Rudolf Bing en des termes qui ne souffrent pas la moindre objection jusqu'à provoquer la fameuse rupture du 6 novembre 1958. Elle lui reproche d'abord de lui confier des rôles dans des productions démodées aux côtés de partenaires qu'elle ne juge pas à sa hauteur. Ensuite, elle porte l'estocade "Nous n'avons pas les mêmes principes. Que chacun de nous reprenne son propre chemin !". Enfin désengagée, galvanisée par la fureur, elle interprétait à Dallas quelques jours après une Médée anthologique. La rivalité avec Renata Tebaldi refait également surface : "Vous dites que Tebaldi a menacé de ne plus retourner au Met si j'y chantais La Traviata. Elle a dit sur moi tant de choses incorrectes et malveillantes qui m'ont blessée !". D'autres inimitiés sont aussi révélées, notamment avec le chef d'orchestre Fausto Cleva au sujet d'une Aida qui entraîne la célèbre réplique "Est-ce ainsi que vous le faites ? Et bien ce n'est pas la manière dont je le fais". Leur collaboration se poursuivit mais elle écrivit "je ne peux pas oublier cette histoire".En mai 1956, elle ne mâche pas plus ses mots : "Je hais l'opéra à la télévision, fait par des gens qui n'ont aucun goût". Quand on revoit certaines émissions américaines de cette époque, on ne peut que lui donner raison et entonner avec elle "Ces lettres, ces lettres ! Ah ! Je les relis sans cesse.". [CR]

La reine de Papeete

Nous l'annoncions le mois précédent en révélant le nom de Guillaume Matarere (lire la brève du 24 septembre). Grâce à l'association "Te Reo Nui", la Reine de Saba, opéra de Charles Gounod, débarque en Polynésie. Elle déploie ses charmes oubliés les 29 et 30 octobre au grand théâtre de la Maison de la culture à Papeete. "A l'origine de ce spectacle il y a la volonté de populariser l'opéra et de faire connaître quelques belles voix de Tahiti" explique chaleureusement Gaby Cavallo, le metteur en scène et président de "Te Reo Nui", "Le plus difficile c'est de faire venir les gens. Une fois qu'ils viennent c'est gagné, je suis sûr que ça leur plaira". La distribution comprend la basse néo-zélandaise Zane Te Wiremu Jarvis dans le rôle de Soliman et la soprano Emmanuelle Vidal Hi'omai dans celui de la Reine de Saba. Ils seront accompagnés sur scène par les danseuses classiques de l'école d'Annie Fayn et la troupe de danse traditionnelle de Makau Foster, les "Tamariki Poerani". Le pianiste Christophe Simonet se charge, quant à lui, de l'accompagnement musical. Reste une question : Pourquoi La Reine de Saba ? La réponse arrive évidente : pour faire découvrir au public de Polynésie un répertoire français trop souvent délaissé. Et si on envoyait Gérard Mortier faire un tour à Papeete. [CR].

Nabucco en short

A l'heure de la mondialisation, de la sonorisation et du gigantisme, l'opéra investit les terrains de sport. Dans la foulée du Stade de France, le Parc Saint-Jacques de Bâle en Suisse accueillera ce bon vieux Nabucco les 8 et 10 juin 2006. Plus de 50 000 spectateurs sont attendus car il parait qu'il s'agit d'une première mondiale. Pour l'instant, seules Aïda, Carmen et Turandot avaient eu le privilège de piétiner la même la pelouse que les footballeurs. Le "Va pensiero" pourra ainsi à son tour déchaîner les tribunes et cette pauvre Abigaille se faire une fois de plus tailler un short. [CR]


20/10/05

L'or de l'opéra

Il occupe en ce moment le devant de la scène du Châtelet et, pourtant, tout l'or du Rhin ne suffirait pas à combler les gouffres financiers que creusent, un peu partout dans le monde, les maisons d'opéras. En Australie, le déficit dépasse le million de dollars et le gouvernement rechigne à verser les subventions promises. Dans ces conditions, la compagnie lyrique est incapable de signer le moindre contrat ; la saison 2007 se trouve dans l'impasse. En Italie, Silvio Berlusconi a décidé de réduire sévèrement la somme allouée au spectacle vivant et au cinéma. Elle chuterait de 164 millions d'euros par an sur les trois prochaines années. Or, la moitié de ce montant revient aujourd'hui à l'art lyrique. Stéphane Lissner, le nouveau patron de La Scala de Milan, alarmé, monte au créneau et demande au ministre de la Culture, Rocco Buttiglione, de reconsidérer ses prévisions budgétaires. "De par l'exceptionnelle richesse de son patrimoine artistique, l'Italie doit montrer l'exemple" clame-t-il désespéré. "J'espère que le Gouvernement trouvera une solution... L'Europe en tant que telle ne peut pas être simplement l'Europe de l'économie. Pour poursuivre son chemin la tête haute, elle doit se doter de projets culturels et les mener coûte que coûte.". Par mesure de représailles, le vendredi 14 octobre, la représentation du Barbier de Séville a été annulée tandis que les employés et représentants du monde artistique italien défilaient dans les rues de Rome. Empathique, Rocco Buttiglione menace de démissionner si la décision n'est pas reconsidérée. Mais il en faut plus pour intimider Silvio Berlusconi qui persiste, signe et déclare "1000 personnes travaillent à La Scala alors qu'il en suffirait 400". Ce n'est pas avec de tels propos que la situation s'arrangera. Heureusement, pendant ce temps, l'Espagne adopte un régime opposé, puise allégrement dans les caisses et, à Valence, édifie le plus grand opéra d'Europe pour la coquette somme de 120 millions d'euros. D'une capacité de 4000 places, le bâtiment a été conçu par l'architecte Santiago Calatrava. D'aspect futuriste, blanc en forme d'oeil gigantesque, il se veut, suivant l'exemple de Sydney, l'emblème de la ville. On murmure que Lorin Maazel serait le directeur artistique des trois premières saisons et que Zubin Mehta y dirigerait chaque année un festival de musique. Après les concerts d'inauguration, il fermera ses portes jusqu'en octobre 2006. Son budget annuel de fonctionnement est estimé à 60 millions d'euros. De quoi consoler le pauvre Alberich de la perte de son anneau... [CR]

Confrontations wagnériennes...

Justement, la Tétralogie que présente le Théâtre du Châtelet à partir de ce mois d'octobre et jusqu'en avril 2006 affole la presse. Les couvertures de magazine, spécialisés ou non, se couvrent du nom de Wagner comme au printemps les arbres de feuilles. Parmi la myriade d'articles à lire, Jacques Drillon, pour Le Nouvel Observateur, se démarque en interrogeant sur le sujet sept compositeurs contemporains, "partagés entre vénération et détestation". Dans le camp des pourfendeurs se trouvent Gérard Pesson ("son oeuvre d'art total, sa mission, son élévation, ne sont pas l'étendard que je porte, avec ma musique discrète et ironique."), Michael Jarrell ("Il compte pour moi, mais je ne l'aime pas... Je préfère les gens plus discrets... Mes maîtres sont plus classiques, Bach et Mozart, ou Berg et Debussy.") et Philippe Hersant ("Je n'entre pas dans son oeuvre... Il y a peu d'opéras dont les personnages m'émeuvent aussi peu... Il y a des pages admirables, mais des tunnels interminables, à la fois dans le théâtre et la musique"). A l'opposé, Philippe Hurel s'enthousiasme : "Wagner est mon maître... Comment fait-il ? Ces superpositions, je m'en sers constamment, j'y pense tout le temps, et cette harmonie... Rien ne suit les traités, mais ça marche du feu de Dieu. Cette manière de gérer les formats longs, c'est unique. Il y a de la graine à prendre dans son organisation formelle ! Théâtralement, il y a des trouvailles permanentes !". Pascal Dusapin se déclare "wagnéophile hystérique" et s'enflamme : "A Bayreuth, j'ai été submergé. Je chialais au bout d'un quart d'heure. Je ne comprends rien à ce qui se passe, les machins, l'or, le Rhin, tout ça, j'ai une écoute uniquement musicale... Il y a dans cette musique une sorte de torpeur érotique, un effet morbido, un peu mou, suave, comme lorsqu'on a trop chaud, qui fait monter les sens.". Philippe Schoeller s'émerveille : "C'est un géant du théâtre humain, comme Shakespeare ! On le voit dans cette totalité qui est son théâtre... C'est le plus grand compositeur de la nature, meilleur encore que Schumann... Ce n'est pas une musique narcotique, même si elle est longue, elle porte en éveil les sens et l'esprit, elle secoue, elle bouleverse, elle creuse, elle engloutit, et qui plus est de manière élégante". Michèle Reverdy ne parvient pas à les départager : "J'ai longtemps été allergique à Wagner, et ne l'ai aimé qu'à partir de la retransmission de la Tétralogie de Boulez et Chéreau... D'où lui venait cette force dramatique, malgré les longueurs, le pathos, le côté massif de l'orchestre, les outrances dans l'écriture vocale, l'absence de non-dit dans le texte, qui ouvrirait la porte à la musique ?". Trois d'un côté, trois de l'autre, une abstention. La balle reste au centre. Le match dans son intégralité est en ligne sur le site du Nouvel Observateur [CR]

Laurent Naouri rend hommage à Yitzhak Rabin

Après une incursion énergique, à défaut d'être totalement convaincante, dans un le bel canto romantique (Roberto Devereux le 22 septembre), Laurent Naouri retrouvera la scène du Théâtre des Champs Elysées le 1er décembre prochain. Il laissera au vestiaire son costume de théâtre pour endosser une tenue plus solennelle. Il s'agit d'une soirée organisée par l'association Hadassah France en hommage à Yitzhak Rabin, homme de paix, assassiné il y a 10 ans. Les bénéfices seront reversés au profit de la création du Centre pour Enfants atteints de maladies chroniques de l'Hôpital Hadassah de Jérusalem. Le programme comprend notamment des extraits des Requiems de Mozart, Verdi, Fauré, les mélodies hébraïques de Ravel et des morceaux choisis de l'oeuvre de Dov Seltzer Requiem pour un homme de paix. Notre baryton national sera entouré de la mezzo-soprano Klara Csordas et du ténor Yan Honeyman. Edward Tipton dirigera The Paris Choral Society, Le Choeur de la Cathédrale Américaine, les Solistes & Choeur de la Capella du Musée du Kremlin de Moscou, la Maîtrise des Petits Chanteurs de Versailles et l'Orchestre Symphonique de l'Académie de l'Ile Saint-Louis. [CR

Encore et toujours l'opéra-bouffe ! 

Surfant sur le succès du restaurant le "Bel Canto", c'est au tour du Mandala Ray, rue Marbeuf à Paris dans le VIIIème, de proposer, tous les lundis, un menu "opéra". Sous la baguette de Stan Renoult, professeur de direction à l'Ecole Normale Supérieure de Paris (ce qui de toute évidence ne nourrit pas son homme), l'ensemble instrumental Merkevah Orchestra, composé d'une vingtaine de musiciens issus du Conservatoire de Paris, accompagne quelques chanteurs "à découvrir" (Wang CONG, soprano ou Shi HENG, baryton) dans des extraits variés de "La Bohême" aux "Noces de Figaro". Là où la soirée se distingue de celles plus classiques du "Bel Canto", c'est que les 4 récitals de la soirée sont ponctuées par les interventions aux platines de DJ Dadoo, suggérant des rapprochements musicaux originaux.A quand une critique gastronomique sur Forum Opéra ? [PC]


13/10/05

Nouvelle Evangeline à Montréal...

"Opera not dead" scandent les théâtres lyriques en ce début de saison. Après Pan à l'Opéra du Rhin, Seven attempted escapes from silence à Berlin, une nouvelle création, Evangeline revisited, se prépare à Montréal. Elle traite des amours tragiques d'Évangéline Bellefontaine et de Gabriel Lajeunesse, d'après le poème de l'Américain Henry Wadsworth Longfellow écrit en 1847 et dont le sujet s'inspire de la déportation des Acadiens en 1755. Le lendemain de leurs fiançailles, les deux héros furent arrachés de leur Nouvelle-Écosse natale et conduits en Louisiane à bord de vaisseaux différents. Ils ne se retrouvèrent que longtemps plus tard à Philadelphie, lui, malade et indigent, elle, soeur de la Charité. L'histoire a déjà inspiré plusieurs compositeurs, Xavier Leroux à Bruxelles en 1895, Otto Luening et Graham George en 1948, l'un à New York, l'autre à Kingston. Il existe aussi des cantates sur le sujet signées George Carter en 1873 et Thomas Hahn en 1967 ainsi qu'un oratorio écrit par Robert Talbot. Cette fois, c'est Julian Wachner qui s'y colle. Agé de 35 ans, il est notamment le fondateur et actuel chef du Red House Opera Group, le chef-fondateur du Bach-Académie de Montréal et le directeur artistique des Providence Singers. Sa musique, décrite comme énergique et ingénieuse, s'apparente au jazz par le rythme. D'après le librettiste Alexis Nouss et le metteur en scène Jehan-François Boucher, cette Evangeline revisited se veut une revanche de l'histoire sur le mythe. L'héroïne, traditionnellement romantique, se transforme ici en être de feu et de sang. Le compositeur dirigera lui-même solistes, choristes et l'Ensemble de musique contemporaine de McGill. La distribution comprendra les sopranos Julianne Klein, Marie-Eve Munger, le ténor Gaétan Sauvageau et la mezzo-soprano Krista de Silva. Les 19, 20, 21 et 22 octobre à 20 h, salle Pollack. [CR]

Every day I write an opera ...

Plus sensationnel encore, le Théâtre royal du Danemark a commandé un opéra au rocker Elvis Costello, grand ami par ailleurs d'Anne-Sophie Von Otter (ils enregistrèrent ensemble le disque For the stars paru en 2001 chez Deutsche Grammophon ). Intitulée The Secret Arias, l'oeuvre raconte l'amour impossible que Hans Christian Andersen, le fameux écrivain danois, dont les contes pour enfants, du Vilain petit canard à La petite sirène, ont fait le tour du Monde; éprouva pour la soprano Jenny Lind surnommée le rossignol suédois. Et comme on n'est jamais si bien servi que par soi même, le compositeur s'est attribué deux des rôles principaux, celui d'Andersen et celui de Barnum, l'impresario américain de Jenny Lind. La cantatrice, quant à elle, est interprétée par Gisela Stille. Il s'agit d'un opéra on ne peut plus traditionnel à quelques exceptions près, notamment l'absence d'orchestre symphonique, remplacé par quatre musiciens. D'après Kasper Holten, le directeur du Théâtre royal, l'opération n'a pas d'autre but que d'élargir le répertoire. Et, sans doute aussi, de rajeunir le public. "Every day I write a book" chantonnait autrefois le crooner, "and sometimes an opera" devra-t-il à présent ajouter. [CR]
 

Alma Sola, l'opéra à l'ère numérique...

Jamais deux sans trois. Tant qu'à parler de création, appliquons l'adage. Le Cube, espace entièrement dédié à la création numérique, fondé à l'initiative de la Ville d'Issy-les-Moulineaux en septembre 2001, accueillera le dimanche 16 octobre à 14h30 et 16h, Alma Sola, un opéra numérique en forme ouverte pour 2 sopranos, guitare, cor et dispositif son/image temps réel. Le livret traite de Faust mais d'une manière bien éloignée de Gounod ou Berlioz. Ce brave docteur revêt ici une forme féminine. Assoiffé de connaissance, en quête d'universalité, il pactise avec son double qui n'est autre que la partie sombre de lui même. Méphistophélès ? La composition musicale, doublée ici de création logicielle, est signée Alain Bonardi. Christine Zeppenfeld se charge à la fois de la dramaturgie, du livret et de la mise en scène. Caroline Chassany et Claire Maupetit composent la distribution vocale. L'entrée est gratuite, dans la limite des places disponibles. Alors pourquoi ne pas essayer ? [CR]

Sampiero Corso à Marseille...

Le lyricomane, à l'écoute de France Musiques l'autre matin, n'aura pas manqué de dresser l'oreille lors de la diffusion de la berceuse tendrement interprétée en français par Régine Crespin. L'extrait donne un avant-goût alléchant de Sampiero Corso, drame lyrique du compositeur marseillais d'origine corse Henri Tomasi (1901-1971). L'oeuvre, créée en langue française en 1956 au Mai musical de Bordeaux, est à l'affiche de l'Opéra de Marseille du 14 au 20 octobre dans une mise en scène de Renée Auphan et sous la direction musicale du chef belge Patrick Davin. Elle raconte l'histoire de Sampiero, héros corse, qui, au XVIème siècle, combat pour libérer sa patrie de l'occupation génoise Dans le même temps, il soupçonne sa fiancée et cousine, Vannina d'Ornano, de trahison et l'étrangle sans façon dans leur demeure marseillaise avant de retourner mourir lui-même sur son île adorée. Le ténor Carlo Guido et la soprano Irina Mataeva incarnent nos deux héros. Afin de renouer avec ses racines, l'opéra sera interprété en langue corse. D'ailleurs Renée Auphan n'hésite pas à reconnaître : "mes origines corso-marseillaises sont pour quelque chose dans mon choix de remonter cette oeuvre...".

Orphée et Eurydice dans le Mouv'...

L'avez-vous remarqué ? L'opéra, de plus en plus, s'affranchit des cultures et aborde des rivages qui lui étaient jusqu'alors inconnus. Les pêcheurs de perles à New Delhi, Guillaume Matarere, la révélation polynésienne, nous en apportaient le mois dernier la preuve (lire les brèves du 3 et du 24 septembre). La démonstration est faite une nouvelle fois avec Orphée et Eurydice de Gluck représenté il y a peu dans une salle inhabituelle : le café Le Mouv' à Rivière Salée en Nouvelle-Calédonie. Oubliés la kaneka, le reggae et tous ces rythmes qui d'habitude agitent lascivement les habitués du lieu. Il a fallu, bon an mal an, revoir la configuration de l'espace pour donner à l'endroit l'apparence d'un théâtre lyrique. Les choeurs, constitués par la chorale Nord-Sud et des Enfants de Montravel, ont été placés au fond de la scène. Les trois solistes, le contre-ténor letton Sergejs Jegers (Orphée), Mireille Roth-Heitz (Eurydice), Vanuella (Amour) et l'Orchestre de chambre de Nouvelle-Zélande se partageaient la piste de danse. Daniel Bourget, familier de ce genre d'initiative, tenait la baguette. Avis à la population : désormais, Forum Opéra recrute aussi en Nouvelle-Calédonie. [CR]

Les dernières de Placido et Luciano...

Et si pour changer, on parlait un peu de Placido Domingo et de Luciano Pavarotti. Le premier vient d'être distingué par The Time. Le célèbre magazine, dans son édition européenne, l'a consacré "héros européen de l'année 2005" au milieu de 36 autres personnages extraordinaires qui ont, comme lui, "amélioré le monde ". Ses concerts en faveur des enfants du monde entier lui valent cet honneur. Et comme une distinction n'arrive jamais seule, le ténor a reçu à Washington le 2 octobre dernier l'Etoile de l'Ordre du Mérite de la République de Hongrie. Cette décoration suprême récompense ses engagements historiques avec l'Opéra National et, au delà, l'amour qu'il porte à la musique hongroise. Le second a soufflé ses 70 bougies et se félicite auprès de la presse italienne du temps qu'il parvient à consacrer à Alice, sa petite fille de 2 ans. Et quand on lui demande ce qu'il souhaite pour son prochain anniversaire, le tenorissimo répond qu'il serait mal venu de demander encore plus que ce qu'il a déjà. Mais, en insistant, il avoue que, si il n'était pas devenu un chanteur exceptionnel, il aurait aimé être un peintre célèbre ou un grand médecin. Il lui aurait été alors difficile d'entreprendre une tournée d'adieux. A ce propos, le "Farewell tour" poursuit son chemin dans les semaines à venir en Australie puis en Asie. [CR]


07/10/05

Cardillac : grand destockage...

"Avec ton passe, achète 20€ ton billet pour l'opéra "Cardillac" à Bastille". Tel est le "bon plan" proposé aux possesseurs de la carte "imagine-r", la carte de transports de la RATP réservée au moins de 26 ans. Après une opération sur lastminute.com, l'Opéra de Paris continue sa grande braderie de "la production la plus chère de la saison" (Mortier dixit). "Tu seras plongé dans un suspense digne des meilleurs romans policiers français" conclut la promo pour les djeunes. Décidément, on a peur de rien à l'Opéra de Paris ! Et surtout pas de décevoir ceux qui se laisseront tenter par l'annonce. [PC]

Joyeux Noël pour Natalie Dessay et Rolando Villazon

On le sait : la musique adoucit les moeurs. Christian Carion illustre le proverbe dans son dernier film Joyeux Noël. Inspiré d'une histoire vraie, il raconte comment, le 24 décembre 1914, un pasteur écossais, un lieutenant français, un ténor allemand et une soprano danoise parvinrent à réconcilier l'espace d'une soirée les deux camps ennemis. Dans la réalité, le ténor allemand s'appelait Walter Kirchhoff. Chanteur réputé à l'époque, il se produisait régulièrement pour remonter le moral des troupes. Un soir de Noël 1914, alors qu'il gazouillait dans une tranchée allemande, un officier français qui l'avait entendu à l'Opéra de Paris deux ans auparavant, reconnut sa voix et monta sur le parapet pour l'applaudir. Kirchhoff, au mépris de tous les dangers, traversa aussitôt le no man's land et serra la main de son admirateur. Ce geste suffit à convaincre les soldats de poser les fusils et de marquer à leur manière la trêve des confiseurs. La crédibilité du scénario imposait de trouver des voix à la hauteur de la prouesse. En toute logique, le choix s'est arrêté sur Natalie Dessay et Rolando Villazon. Quant au musicien capable d'effacer en quelques notes le plus impitoyable des conflits, les noms se bousculent. Mozart et son "dalla sua pace" dont le titre semble de circonstance ? Puccini qui avec "E lucevan la stelle" pourrait attendrir des pierres ? Et tant d'autres encore. Dans l'impossibilité de trancher (sans mauvais jeu de mot), la production a confié la totalité de la bande originale du film à Philippe Rombi. Le compositeur dirige le London Symphony Orchestra. Un disque doit paraître chez Virgin Classics le 25 octobre. Joyeux Noël quant à lui envahira les salles obscures le 9 novembre. [CR].

La revanche de Marcelo Alvarez

Entre Rolando Villazon, Luciano Pavarotti et surtout Placido Domingo, il est difficile pour un ténor de trouver une place dans cette rubrique. On apprécie d'autant plus de braquer cette fois le projecteur sur le plus magnifique d'entre eux, dans sa catégorie et lorsqu'il ne chante pas en français, Marcelo Alvarez. Le site officiel du chanteur argentin n'est pourtant pas des plus prolixes. A croire qu'il fit ses adieux à la scène en août dernier lors de l'une de ces représentations de La Bohème à Vérone, dans ces arènes trop grandes où se diluait son incomparable séduction. Heureusement, d'autres sources nous rassurent sur l'évolution de sa carrière. Après un Chevalier des Grieux de Massenet en compagnie de la Manon de Renée Fleming au Metropolitan, il interprètera Rodolfo de Luisa Miller à Madrid en décembre 2005. Puis, il retrouvera en février 2006 le pourpoint du duc de Mantoue à la Scala de Milan. Mais la sensation viendra assurément de son premier Manrico en mai 2006 au Teatro Regio de Parme à l'occasion du festival Verdi. Cette nouvelle vaut bien une brève sans doute et peut-être même le déplacement. [CR]

Bisbille sur le rocher

En désaccord avec le conseil d'administration de l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo, Marek Janowski a décidé de mettre fin à ses fonctions de Directeur artistique et musical. Le maître assurera malgré tout ses engagements jusqu'à la fin de l'année 2007, notamment les grands projets artistiques de la saison 2006-2007 qui sont à l'origine de la discorde. La formation monégasque célèbrera alors ses 150 ans. Fondée en 1856, elle s'enorgueillit d'avoir été dirigée par des chefs de réputation mondiale tels que Toscanini, Mitropoulos, Walter, Richard Strauss, de Sabata et plus près de nous, Bernstein, Sawallisch, Mehta, Kubelik, Solti, Maazel... Marek Janowski avait rejoint l'orchestre en juillet 2000 pour l'inscrire dans une politique de changement et d´évolution artistique. L'effectif avait alors été porté à 100 musiciens. De cette période faste, le lyricomane, forcément partial, retiendra une version de concert d'Elektra en 2002, avec Anja Silja, Luana De Vol, Mélanie Diener et Franz-Josef Selig. L'affaire reste à suivre. [CR]

Les malheurs de La Bohème à l'ONP

"La bohème, ça voulait dire on est heureux" susurre souvent Charles Aznavour. Peut-être mais pas à l'Opéra de Paris en ce moment où la reprise de la production de Jonathan Miller joue de malchance. Les chefs pour commencer ; Daniel Oren remplace Gustav Kuhn, initialement prévu, appelé in extremis à reprendre la baguette du Cosi fan tutte qu'avait abandonnée Daniel Harding. Puis les Mimi, Olga Guryakova, malade, vient d'annuler sa participation à la première représentation. Remplacée par Marina Mescheriakovae, elle devrait ensuite reprendre du service avant de céder sa place à la soprano chilienne Angela Marambio. Enfin, le site de l'ONP lui-même, appelé à la rescousse pour en savoir plus sur les derniers changements de distribution, renvoyait, à l'heure où nous rédigions cet article, un sinistre "Microsoft VBScript compilation error '800a0400'". Pour le moment, seuls les ténors, Rolando Villazon et Stefano Secco, le vaillant Roberto Devereux de Lyon et du Théâtre des Champs Elysées, semblent tenir le coup mais si ça continue, Charles Aznavour aura raison "La bohème, ça ne veut plus rien dire du tout" [CR]


02/10/05

Les réussites de Marilyn Horne...

Selon elle, la plus grande réussite de sa vie reste sa fille et ses trois petits enfants. Pourtant, quelle que soit leur valeur, ils ne suffiraient pas ensemble à justifier le prix qui vient d'être décerné à Marilyn Horne par le magazine londonien Gramophone. Il récompense d'abord l'ensemble de la carrière musicale de la mezzo-soprano américaine dont l'éblouissante virtuosité a servi et sert encore de modèle à grand nombre de chanteuses baroques et rossiniennes, Cecilia Bartoli en tête. Retirée de la scène depuis une dizaine d'année, Marilyn a créé en 1994 une fondation destinée à encourager les jeunes talents. Mais, selon elle, le défi consiste surtout à attirer le public vers la musique classique. "You have to keep talking to people and say : Hey, come on, try it! Try it once at least!" déclare-t-elle de sa voix profonde. Chauvine, elle ajoute : "Americans can pretty much sing anything, whereas foreign singers are often limited in style, language, even composer. Americans are fairly utilitarian - you're looking at one. I sing everything!". Si la première partie de l'affirmation se discute, la seconde est indéniable. Chapeau Madame. [CR]

Larmes amères à l'ENO...

Londres prend le relais de Genève. Dans la liste des scandales lyriques, la dernière création de L'English National Opera, Les larmes amères de Petra Von Kant de Gerald Barry, succède au Tannhaüser de Genève (lire la brève du 24 septembre dernier). Mais si en Suisse, l'excès de virilité était l'objet de la controverse, en Angleterre, à l'inverse, ce sont les hommes qui font défaut. En effet, inspiré de la pièce de Rainer Fassbinder, le livret ne comporte que des rôles féminins et dépeint parfois de manière assez crue les rapports de pouvoir, de souffrance et de dépendance amoureuse qu'il existe entre les six héroïnes. Les puritains, furieux, hurlent au racolage. Le metteur en scène, Richard Jones, répond que l'opéra doit refléter la société moderne. Lé débat est ouvert ; il dure depuis plus de 400 ans. [CR]

Welcome to the Ellie Caulkins Opera ...

Encore un nouveau né dans la grande famille des théâtres lyriques. Après deux années de travaux, l'Opéra Ellie Caulkins vient d'ouvrir ses portes à Denver au Colorado. Vanté par ses architectes comme l'un des meilleurs du monde, d'un coût total de 92 millions de dollars, il lui fallait, dès son gala d'ouverture le 10 septembre, justifier sa réputation. Toutes les chances avaient alors été mises de son côté en convoquant Rénée Fleming et Ben Heppner ; une création de Jake Heggie "At the Statue of Venus", brève scène musicale pour soprano, interprétée ici par Kristin Clayton, inscrivait judicieusement la soirée dans notre époque. L'examen de passage semble réussi. La salle a été installée à l'intérieur de l'auditorium Newton sans que l'apparence extérieure du bâtiment ne soit modifiée. A l'exemple de ses soeurs européennes, elle présente une forme de lyre, des sièges pourpres. Sa grande capacité d'accueil (2 268 places) ne nuit pas à son intimité ; aucun fauteuil ne se trouve trop éloigné de la scène (35 mètres au maximum) et l'acoustique n'appelle pas de reproches. Trois oeuvres lyriques permettront de vérifier cette bonne impression en 2005-2006 : Carmen, Norma et L'enlèvement au Sérail. [CR]


Christoph Eschenbach
dirigera la Tétralogie..
Brèves du 20/10/05

Elvis Costello
Brèves du 13/10/05

Rolando Villazon
© Mark Kessel
Brèves du 07/10/05

Marilyn Horne
Brèves du 02/10/05

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