Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

Les brèves... 




Octobre
2006

 

21/10/06

Anna Russell rejoint les Walkyries

La chanteuse et comédienne Anna Russell, célèbre pour sa réduction en 22 minutes de la tétralogie wagnérienne, vient de s’éteindre dans son sommeil à l’age de 94 ans. Elle résidait en Australie.
 
Les titres de ses récitals étaient déjà tout un poème, témoignant de son humour et de son éclectisme musical. : « Schlumph » (For Singers with Tremendous Artistry but No Voice) ou « Ah Lover ! » extrait de l’improbable « Prince of Philedelphia » (For Loud Singers with No Brains).
 
Son humour s’appuyait sur une vaste culture musicale, démonstration qu’il n’est pas de parodie réussie sans connaissance intime des ouvrages parodiés. A ce titre, on citera son « Comment composer votre propre opérette de Gilbert & Sullivan ».
 
Issue d’une famille comptant des générations de militaires, elle affectait le plus parfait accent aristocratique allié à la pure bouffonnerie.
 
Le décès d’Anna Russell nous renvoie à une époque où il existait un large public pour comprendre et apprécier ce type de parodies. Une culture musicale classique, populaire et généralisée, qui nous semble bien loin aujourd’hui.
 
19/10/06

Sergeï Larin, le survivant
 
Ce samedi 7 octobre 2006 l’émotion était palpable au Concertgebouw d’Amsterdam. La série de concerts VARA-matinée qui présente des grandes œuvres du répertoire en version de concert, proposait ce samedi Adriana Lecouvreur avec Nelly Miricioiu (qui fêtait à cette occasion les 25 ans de sa collaboration avec l’organisation et par la même occasion sa 25e participation). Ce concert n’avait rien d’anodin car il marquait le grand retour à la scène de Sergeï Larin, victime d’une terrible maladie et à qui ses médecins n’avaient guère laissé d’espoir, avait – in extremis – subi une greffe du foie. On attendait le revenant avec un peu de compassion, prêt à tout lui pardonner. Il n’y eut heureusement rien à lui pardonner tant sa prestation fut glorieuse ; la voix toujours aussi puissante, jouant habilement de couleurs et d’harmoniques n’a rien perdu de ses qualités. Nelly Miricioiu qui avait chanté la même œuvre avec lui à La Scala en 2002 déclara même en confidence « il est incroyable, il le chante encore mieux qu’avant ». [CDR]

18/10/06

A la recherche de la nouvelle star baroque

Le nom de Chimay éveille bien sûr les papilles des gastronomes, mais aujourd’hui il n’est plus seulement connu pour ses bières et ses fromages. Depuis quelques années, la compétition organisée par les Princes de Chimay attire un tout autre type de gosier. Alors que la collégiale de la ville et surtout le splendide théâtre du château où Gérard Corbiau tourna /Le Maître de Musique/ avec José Van Dam sont sur le point d’accueillir sa septième édition, le Concours International de Chant Baroque demeure unique en son genre : c’est le seul au monde consacré à la musique vocale de cette période, une spécificité que renforce encore la récente décision du prestigieux Concours Reine Elisabeth de ne plus aborder le répertoire baroque lors de ses sessions de chant. Chimay a couronné des artistes dotés de solides tempéraments comme la soprano Natacha Ducret ou le ténor Jeffrey Thompson. Aux premières nouvelles, le millésime 2006 s’annonce excellent. Les mélomanes avisés reconnaîtront d’ailleurs l’un ou l’autre nom parmi les candidats sélectionnés comme celui du contre-ténor américain Daniel Bubeck, qui a créé et enregistré /El Nino /de John Adams ou celui du baryton Nicolas Achten, benjamin du concours (21 ans), qui a déjà travaillé avec Christophe Rousset, Gérard Lesne, Vincent Dumestre et Christina Pluhar pour qui il incarnera bientôt l’Orfeo de Monteverdi. Les 24 rescapés des éliminatoires s’affronteront sous les oreilles expertes de Jill Feldman, Barbara Schlick, Greta de Reyghere, Stephan Van Dyck et Frans de Ruiter les jeudi 19 et vendredi 20 octobre. Rendez-vous le dimanche 22 octobre pour la finale retransmise en direct sur Musique 3. Pour plus de détails : www.chateaudechimay.com/ [CR]

16/10/06

Jean Tubery et le choeur de chant choral de Namur primés


ll ne faut pas confondre Jean Tiberi et Jean Tubery. Le premier n'a pas sa place dans nos colonnes ; le second en revanche, en tant que directeur artistisque de l'Ensemble la Fenice, a bien mérité une brève.
D'autant plus qu'en compagnie du choeur de Namur, il vient d'être gratifié du prix Liliane Bettencourt pour le chant choral. La fondation du même nom, créée en 1987, a pour but d’aider à entreprendre, soutenir, accompagner des projets, dans des domaines aussi différents que le médical, le culturel, et l'humanitaire. En 1989, l'un de ses premiers gestes a été d'instituer un prix annuel pour le chant choral. Ce prix est décerné par la section de composition musicale de l’Académie des Beaux-Arts et remis sous la Coupole de l’Institut de France. Depuis sa création, le Choeur de chambre de l'Orchestre National de Lyon, le Choeur de chambre Accentus ou le Choeur des Arts Florissants ont fait partie des heureux lauréats. Jean Tubery et ses amis de Namur seront intronisés le 22 novembre prochain. Le programme de leurs prochains concerts est en ligne. Les amateurs du genre ne manqueront pas "l’Orfeo" de Monteverdi en version concertante ou en gestuelle baroque italienne et l'hommage musical rendu à Venise à travers "Trionfi Sacri", musique festive de Giovanni Gabrieli ou "Vespro per le cinque Laudate, per San Marco di Venetia" de Cavalli. A savourer, en attendant le carnaval. [CR]

09/10/06

Mieux voir à l'Opéra de Bordeaux

Certaines initiatives méritent d'être institutuées en même temps que saluées. Fort du succès rencontré en janvier 2006 lors de la mise en place, sur La Traviata, du système d'audiodescription, l'Opéra National de Bordeaux renouvelle cette opération en offrant aux déficients visuels la possibilité d’assister à trois représentations de L’Elisir d’Amore de Donizetti, les mardi 24, jeudi 26, samedi 28 octobre.
Ce système «d’audio-description» offre aux personnes équipées de casques sans fils (29 disponibles par représentation), la possibilité de recevoir au cours du spectacle des informations relatives à l’intrigue, aux éléments de décors et accessoires, aux déplacements et attitudes des artistes… Ainsi peuvent-ils — à l’instar des voyants — avoir accès aux diverses dimensions de la représentation . Préalablement enregistrés sur minidisc, les 300 commentaires sont diffusés manuellement à partir d’une régie, via une table de mixage et un radiateur infra-rouge dans le casque sans fil qui a été remis au spectateur. Ce casque lui permet un placement libre parmi les autres spectateurs et n’entraîne aucune gêne pour ses plus proches voisins. Et tout cela pour le même prix ! En effet, le tarif des places est le même que pour l'ensemble des spectateurs avec en cadeau le programme en braille et/ou en gros caractères. [CR]

Tout sur les Journées européennes de l'Opéra

400 ans en 2007 ! L'Orfeo de Monteverdi n'est plus un jeune homme mais continue malgré son âge d'avoir belle allure. Opera Europa, Fedora, Reseo et l’Opéra National de Paris, en partenariat avec la Réunion des Opéras de France et Opera XXI prétextent cet anniversaire pour lancer les Journées Européennes de l’Opéra le week-end du 16 au 18 février prochains. A cette occasion, les plus grands temples lyriques d'Europe ouvriront leurs portes afin d'attirer de nouveaux fidèles. Car il s'agit bien de faire découvrir l'opéra, le rendre plus accessible à tous. Les convertis de longue date que nous sommes devraient tout de même trouver quelques fleurs à butiner. Le programme complet de l'événement n'est pas encore connu mais les informations commencent à filtrer. A Paris, des conférences seront organisées chaque journée sur un thème particulier : "L’héritage de l’opéra européen, sa diversité, ses valeurs communes" le vendredi, " Travailler pour et avec de nouveaux publics" le samedi et "le futur de l'opéra" le dimanche. L’Opéra National de Bordeaux proposera des concerts, des projections de films, des visites des ateliers costumes et décors, une exposition, retraçant l’histoire de l’Opéra ainsi qu'une retransmission de Rigoletto en soirée… Des noms circulent aussi ; José Manuel Barroso, Peter Eötvös, Magdalena Kožena, Robert Lepage, Kaija Saariaho, Deborah Warner et bien d’autres contribueront au débat.Le site de la manifestation (http://www.operadays.eu/fr/default.asp) présente la liste complète des compagnies d’opéra participantes à travers l’Europe, les partenaires ainsi qu'une série de réflexions sur l'art lyrique. [CR]

Le MET discounte

La politique tarifaire de l'Opéra de Paris est devenue de plus de plus opaque ces dernières années. Alors qu'auparavant, les premiers arrivés étaient ceux qui pouvaient bénéficier des places les moins chers, ce n'est plus le cas aujourd'hui : les sièges des premières catégories sont souvent le seul choix proposé à l'ouverture et les places moins chères sont mises en vente plus tard. Certains spectacles, annoncés complets dès l'ouverture de la location, voient des places se débloquer miraculeusement au fil du temps. Enfin, des offres promotionnelles sont proposées à la dernière minute sur des sites internet, y compris sur des sites de discount comme lastminute.com.
 
Une confusion qui n'est guère faite pour encourager de nouveaux spectateurs à se lancer à la découverte de l'art lyrique.
 
A New-York, on s'y prend autrement. Le nouveau patron du Met, Peter Gelb, alarmé de la moyenne d'age inflationniste des spectateurs (65 ans cette saison : un an de plus à chaque année) a décidé d'attirer un nouveau public en offrant, en semaine, 200 places d'orchestre pour 20 $ au lieu de 100.
Le succès a été foudroyant : le jeudi 5 octobre, date d'inauguration de l'offre, les 160 places premières places étaient vendues en 20 minutes, et les 200 dès 19h10. L'opération devrait durer toute la saison.
 
Le programme est financé par deux généreux donateurs, Agnes Varis, et son mari Karl Leichtman, membres du conseil d'administration : ils ont ainsi acheté pour 2 millions de dollars de sièges d'orchestre (soit 25 soirées à raison de 200 places par soirée). Celles-ci sont situées majoritairement en fond d'orchestre, mais certaines sont aussi dans les tous premiers rangs.
 
Les sièges sont revendus 20$ bien qu'ils ne coûtent rien à l'institution car Peter Gelb insiste pour que le spectateur s'habitue à payer ses places.
 
Une étude statistique a permis de vérifier qu'il s'agissait essentiellement de nouveaux venus et non d'habitués profitant de la remise : l'objectif initial est donc bien atteint ; reste à vérifier que cette action contribuera effectivement à fidéliser un nouveau public. [PC]
 
Ligne 8 abandonne la langue de bois
 
Les habitués de l'Opéra de Paris connaissent et chérissent l'ineffable "Ligne 8", revue officielle de l'Opéra de Paris., monument de comique involontaire et de culturo-prétention fumeuse.
 
De temps à autres (et dans les faits, très rarement), la revue se souvient que l'opéra existe aussi grâce aux chanteurs et leur accorde un strapontin dans ses colonnes.
Le numéro de rentrée (septembre - octobre 2006, n°11) constitue une véritable révolution par rapport à la ligne éditoriale : un article sur Natalie Dessay, un autre sur Anna Caterina Antonacci, un troisième sur Catherine Naglestad, un quatrième sur Deborah Polaski et un dernier sur Ruggero Raimondi (invité, il est vrai, à dire tout le bien qu'il pense de Patrice Chéreau ; pas à nous expliquer son annulation de l'Elixir d'amour). Une véritable révolution.
 
Mais ce numéro constitue doublement un collector car il en existe deux versions. Une première, envoyée aux abonnés, où l'on peut apprécier page 9 une interview de Natalie Dessay ; une seconde, aujourd'hui la seule disponible et que tout un chacun peut se procurer à l'opéra, et qui n'offre qu'un florilège de critiques dithyrambiques sur le soprano français à cette même page 9.
 
Forum Opéra ne s'explique pas ce caviardage, d'autant que l'interview est particulièrement intéressante. Nous y apprenons en effet que Natalie ,ayant commencé à étudier le solfège sur le tard "la plupart des rôles qu'elle interprète sont relativement courts et faciles à apprendre"; en est à "sa sixième "dernière" Reine de la Nuit" ; a annulé la Somnambule à New-York car l'ouvrage est sans intérêt théatral ; a refusé de chanter Ophélie en anglais car "cela représentait pour elle une contrainte d'autant plus considérable qu'elle a mauvaise mémoire" ; et enfin, qu'elle a du renoncer à Lulu en raison "du surcroit de travail que cela aurait supposé". On en redemande.
 
Nous attendons avec impatience les numéros suivants de Ligne 8 où Roberto Alagna ne manquera pas de nous exposer les raisons de son annulation pour la reprise de "Boccanegra"; où Neil Shicoff  nous justifiera les nombreuses coupures de "La Juive" par son état vocal actuel ; où la direction de l'Opéra nous expliquera pourquoi seules les places les plus chères sont en vente sur Internet à l'ouverture de la location, les offres promotionnelles se multipliant à l'approche du spectacle ...

Ennemis de toute hypocrisie, nous ne pouvons que saluer cette nouvelle politique de transparence : bravo Ligne 8 !

Sergeï Larin
ici en Otello
Opéra de San Diego, 2003
Brèves du 19/10/06

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