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Pergolesi – Stabat Mater

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CD
24 octobre 2016
Un Stabat de grandes voix

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Giovanni Battista Pergolesi
Stabat Mater en Fa mineur

Francesco Mancini
Sonate n°14 en Sol mineur

Francesco Durante
Concerto grosso n°1 en Fa mineur

Détails

Soprano
Sonya Yoncheva
Alto
Karine Deshayes

Ensemble Amarillis
Direction musicale
Violaine Cochard

Enregistrement effectué à Paris au Théâtre des Champs-Elysées le lundi 27 juin 2016

1 CD Sony – 61 min

Comment expliquer notre peu d’enthousiasme pour ce qui devait être une des sorties de l’année ? Et pourtant. Analysons de plus près cet enregistrement effectué en direct durant le concert du 27 juin dernier au Théâtre des Champs-Elysées et décelons ce qui ne va pas, ou plutôt ce qui pourrait aller mieux.

La première fausse bonne idée est une question de pur marketing. Assumant que les auditeurs écoutent un CD dans l’ordre, Sony aurait dû proposer les oeuvres de Mancini et de Durante (le professeur de Pergolèse) avant le Stabat. Car après tant de supplices et de tourments générés par ce « divin poème de la douleur », écouter ces deux honnêtes concerti semble comme faire la vaisselle après un bon repas. Pourtant, la Sonate n°14 de Mancini (un concerto pour flûte, ne nous y trompons pas) et le premier Concerto grosso ne sont pas non plus sans intérêt, d’autant plus qu’ils sont tous les deux contemporains de Pergolèse. La Sonate met la flûtiste Héloïse Gaillard bien en valeur, au travers d’un traitement virtuose de l’instrument. La partition ne regorge pas de raretés ni de traits de génies, mais le dialogue de la soliste appliquée et musicienne avec le tutti fait son effet. De même pour le Concerto grosso de Durante. Ce n’est pas du pur génie, mais le parallèle entre le compositeur et Pergolèse est habile, les deux s’étant manifestement mutuellement influencé. L’ensemble Amarilis sous la direction de Violaine Cochard peinait déjà un peu à vivifier ces deux pièces en concert. L’enregistrement n’aide en rien puisque l’acoustique sèche du Théâtre se fait encore plus sentir.

Le Stabat Mater de Pergolèse n’est plus à présenter. Ne sont plus à présenter non plus les deux prime donne de la soirée, à savoir Sonya Yoncheva et Karine Deshayes. En revanche le mélange des trois, plutôt curieux, mérite, lui, un peu plus de commentaires. Certes, les deux chanteuses sont au firmament de leur carrière, montrant chaque soir à l’opéra de quoi elles sont capable d’un point de vue dramatique. En outre, chanter à la fois des rôles comme Norma et Adalgisa, – l’une à Londres le mois dernier, l’autre à Madrid en ce moment – et ce Stabat semble plutôt prodigieux, et il est tout à fait louable que des artistes s’essayent à cette schizophrénie musicale. Mais c’est peut-être ici que le bât blesse.

Sonya Yoncheva ne semble en effet pas vouloir mettre son timbre et son style « très XIXe » au service de la musique. De plus, nous sommes privés de l’image du concert et donc de la présence scénique tout de même incandescente de la chanteuse. Le chant sera toujours beau, voire très beau, riche voire très riche mais rarement adéquat (un peu comme les orchestrations de Bach par Schoenberg ou, dans un autre registre, des chansons napolitaines par un certain Jonas K.). A part un Stabat mater dolorosa introductif très réussi, où justement le style importe un peu moins tant la musique semble hors temps, c’est comme si l’on avait essayé de faire de cette partition du début du XVIIe siècle napolitain une grande scène d’opéra de Verdi (ce commentaire vaut pour la chanteuse, pas pour l’ensemble). Si Yoncheva souhaite noircir (ou romantiser) la partition, c’est tout à fait bienvenu. Mais pourquoi ne pas s’appuyer sur les nombreux contrastes et nuances ? Pourquoi ne pas fonder ses attaques sur une prononciation plus dynamique, davantage que sur des ports de voix au goût franchement douteux ? Cela éviterait un Cujus animam gementem mollasson ou une palette réduite autour d’un commode mezzo-forte.

Pour Karine Deshayes, le tableau est déjà plus complet. Le majeur souci (déjà perceptible lors du concert) demeure celui de la tessiture. La mezzo se bat contre ses graves, par exemple dans les vocalises tumultueuses du Fac ut ardeat, dépassant avec peine sa co-soliste et l’ensemble. La partie aurait dû être écrite une tierce au dessus pour pouvoir apprécier pleinement la voix de la chanteuse. C’est d’autant plus dommage que Deshayes est bien plus à l’aise stylistiquement que sa camarade. La diction est plus assurée et le timbre se fond mieux et avec plus de nuances dans les notes de Pergolèse. 

Amarilis semble pour certaines pages s’acquitter du minimum nécessaire pour faire sonner la pièce : ce n’est ni infidèle ni profondément ennuyeux mais on ne peut pas dire que l’ensemble réinvente Pergolèse à chaque mesure. Heureusement, la fin de l’œuvre nous offre quelques très beaux moments (le Quando corpus morietur et l’Amen conclusif par exemple).

Ce compte rendu peut sembler accablant à première lecture. En réalité, il ne l’est pas tant que cela. Cet enregistrement est celui d’un Stabat mater de « grandes voix » ce qui implique autant de qualités que de défauts. Il ne réinvente pas la partition et n’est pas historiquement informé (la locution semble presque péjorative) mais ne se réclame pas non plus comme tel. On l’écoute donc surtout parce qu’on savoure les beaux timbres comme on aime les grands vins ou les belles voitures. Et pourquoi pas ?

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