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Récital Elīna Garanča & Jonathan Tetelman – Baden-Baden

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Spectacle
10 janvier 2024
Deux fauves joue contre joue

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Verdi (1813-1901)

Luisa Miller

Ouverture

Francesco Cilea (1866-1950)

Adriana Lecouvreur

« Ecco, respiro appena, Io son l’umile ancella » (Adriana)

Giacomo Puccini (1858-1924)

Tosca

« Recondita armonia » (Cavaradossi)

Amilcare Ponchielli (1834-1886)

La Gioconda

Danse des Heures (musique de ballet)

Pietro Mascagni (1863-1945)

Cavalleria Rusticana

« Mamma, quel vino è generoso »

« Voi lo sapete, o Mamma »

Intermezzo sinfonico

« Tu qui, Santuzza?… No, no Turiddu »

 

Pause

 

Georges Bizet (1838-1875)

Carmen

Ouverture (Prélude)
Habanera : « L’amour est un oiseau rebelle »

« La fleur que tu m’avais jetée »

Entracte (Acte IV)

« C’est toi ! – C’est moi !»

Reveriano Soutullo (1880-1932) / Juan Vert (1890-1931)

Zarzuela La Leyenda del Beso

Intermedio

Pablo Sorozábal (1897-1988)

Zarzuela La Taberna del Puerto

« No puede ser »

Ruperto Chapí (1851-1909)

Zarzuela Las Hijas de Zebedeo

« Carceleras »

Federico Moreno Torroba (1891-1982)

Zarzuela Luisa Fernanda

« Subir, subir y luego caer »

Federico Chueca (1846-1908)

Zarzuela El Bateo

Ouverture (Preludio)

Agustín Lara (1897-1970)

Granada

arrangé par Karel Mark Chichon

 

Rappels

 

Carlos Gardel (1890-1935)

« El dia que me quieras »

José Gomes de Abreu (1880-1935)

Tico Tico

Eduardo di Capua (1865-1917)

O Sole mio

 

Elīna Garanča, mezzo-soprano

Jonathan Tetelman, ténor

Münchner Rundfunkorchester

Karel Mark Chichon, direction

 

Baden-Baden, Festspielhaus, dimanche 7 janvier 2024, 18h

Il est des moments privilégiés, rares et précieux. Le gala d’ouverture de saison proposé ce premier dimanche de janvier au Festspielhaus de Baden-Baden en est un. Par le passé, le gala clôturait la saison ; les habitudes ont changé pour un décalage dans le temps, mais l’idée se révèle excellente, puisqu’en reprenant une formule qui a fait ses preuves, un programme connu et des habitués de la maison qu’on mêle à un nouveau venu déjà super star, on arrive, dans ce cocktail un peu trop artificiel a priori, à un résultat explosif, dans le bon sens du terme. Non seulement le mélange fonctionne, mais surtout, on obtient une réussite d’une rare perfection, tant vocale qu’instrumentale avec, pour épicer le tout, une dose d’émotions fortes qui augurent mieux que bien la nouvelle année lyrique à peine entamée.

© Andrea Kremper

L’idée d’associer Elīna Garanča à Jonathan Tetelman n’est pas nouvelle, les deux partenaires ayant déjà à leur actif une tournée européenne en Autriche, Espagne et Lettonie dont on peut trouver quelques extraits en ligne ainsi qu’un travail en commun sur Carmen. L’accord des deux voix est de toute beauté et la complicité qui a pu se développer atteint ici un apogée, dans une performance rôdée et ultra-millimétrée. La mezzo lettone affiche une santé vocale insolente, très en beauté dans ses deux robes de contes de fées, la première rappelant les brocards maniéristes contemporains de son récent rôle d’Eboli à la Scala, la seconde évoquant une fleur vénéneuse, voire carnivore, mais de sublime garance. Le port de reine n’est pas sans rappeler le charisme assorti de chic d’Arletty dans le mythique rôle de Garance. La diva propose des interprétations très expressives des différents rôles qu’elle endosse ce soir, avec en points d’orgue une Santuzza jalouse comme un tigre et une Carmen plus libre et déterminée que jamais. On est à des années-lumière de la distance et de la froideur qu’on lui reproche parfois. Son partenaire est lui aussi en très grande forme et le public badois le retrouve avec plaisir après sa remarquable performance dans le Werther d’il y a un mois à peine. Les déferlantes de décibels alternent avec les murmures les plus ténus, dans un lacis de nuances subtiles où l’on cherche en vain la faille, tant au niveau des aigus que dans les graves. Le bel apollon darde son œil noir aussi caressant et velouté que sa voix est solaire et puissante, sorte de Pavarotti qui aurait fait une cure de minceur extrême sans perdre sa voix. En principe, ces messieurs soucieux de leur apparence ferment le bouton de leur veste en se levant ; lui l’ouvre avant de chanter, sans doute pour éviter qu’il ne fasse craquer son habit. Et pourtant, on ne le voit jamais sur ses ergots ni bomber le torse à outrance. Tout est dans une technique stupéfiante de naturel, tout en transparence. Le visage à la Gassman du beau ténébreux est fermé puis s’anime juste ce qu’il faut pour accrocher et convaincre le public. Il va sans dire que la maîtrise technique est à l’avenant. Alors que tout est sous contrôle, il s’agit tout de même d’introduire un petit bémol : le ténor a besoin de partitions lors de la seconde partie du concert. Il s’empare d’un pupitre bien trop bas qu’il ne parvient pas à remonter. Alors que sa partenaire et le chef font semblant d’échouer à l’aider, l’assistant du théâtre arrive en courant avec un pupitre à bonne hauteur. La petite facétie fait manifestement partie du show et permet d’humaniser le phénomène vocal. Il faut dire à sa décharge qu’une large partie de la soirée est dédiée à des zarzuelas ne correspondant pas forcément à son répertoire. Les deux artistes sont par ailleurs au sommet et rivalisent d’intelligence scénique, de sens dramatique aigu (alors qu’il s’agit bien d’un récital) dans leur gestuelle et d’adéquation à leurs rôles.

© Andrea Kremper

On retiendra en particulier de cet étalage de virtuosité les mugissements de Cavaradossi dans un lyrisme furieusement exalté et le « S’io non tornassi » affolé et presque résigné de Turridu. Et c’est sans doute le moment le plus magique de la soirée que l’affrontement des deux grands fauves en présence, à savoir Santuzza et Turridu. Tout en violence contenue mais en rugissements terribles qui laissent les auditeurs pantelants, le duo tragique est fascinant. On se souvient avec émotion que pour le gala de clôture de 2013, la même scène avait déjà été interprétée par Elīna Garanča et Jonas Kaufmann. La performance d’alors est aujourd’hui au moins égalée sinon surpassée… Et dans le duo final de Carmen, les deux stars électrisent toute la salle.

© Andrea Kremper

Pour achever de séduire avantageusement l’oreille, le Münchner Rundfunkorchester nous enchante dès les premières mesures d’une Ouverture de Luisa Miller à toute berzingue. Toute la formation déploie des trésors de virtuosité dans de très riches palettes sonores, tout en couleurs raffinées, où brillent tout particulièrement les percussions. Karel Mark Chichon semble à peine les diriger, la complicité de tous les artistes présents s’imposant comme une évidence. Les arrangements du chef d’orchestre pour Granada de Lara et les extraits de zarzuelas permettent tous les épanchements d’une formation survitaminée qui s’en donne à cœur joie, en particulier dans un Tico Tico chaloupé à souhait où il devient difficile de ne pas se tortiller sur sa chaise. Tous se permettent des excès en dérapages contrôlés : la belle mezzo nous offre une nouvelle fois son tube Carceleras (qu’elle avait par exemple bissé en 2017 dans ce même lieu), nous offrant ce soir une série de trémolos à n’en plus finir. Quant à Jonathan Tetelman, après avoir susurré des mots d’amour joue contre joue puis fait danser la belle, il se mettra, dans l’inoxydable O sole mio, à faire pour ainsi dire les trois ténors à lui tout seul. Il va sans dire que le public est à la fois sonné et en proie à la fièvre. On voudrait pouvoir réécouter tout cela calmement chez soi pour faire le tri et se repaître tranquillement de chaque morceau de ce festin. Las, aucune caméra n’était présente pour immortaliser ce moment de grâce…

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Giuseppe Verdi (1813-1901)

Luisa Miller

Ouverture

Francesco Cilea (1866-1950)

Adriana Lecouvreur

« Ecco, respiro appena, Io son l’umile ancella » (Adriana)

Giacomo Puccini (1858-1924)

Tosca

« Recondita armonia » (Cavaradossi)

Amilcare Ponchielli (1834-1886)

La Gioconda

Danse des Heures (musique de ballet)

Pietro Mascagni (1863-1945)

Cavalleria Rusticana

« Mamma, quel vino è generoso »

« Voi lo sapete, o Mamma »

Intermezzo sinfonico

« Tu qui, Santuzza?… No, no Turiddu »

 

Pause

 

Georges Bizet (1838-1875)

Carmen

Ouverture (Prélude)
Habanera : « L’amour est un oiseau rebelle »

« La fleur que tu m’avais jetée »

Entracte (Acte IV)

« C’est toi ! – C’est moi !»

Reveriano Soutullo (1880-1932) / Juan Vert (1890-1931)

Zarzuela La Leyenda del Beso

Intermedio

Pablo Sorozábal (1897-1988)

Zarzuela La Taberna del Puerto

« No puede ser »

Ruperto Chapí (1851-1909)

Zarzuela Las Hijas de Zebedeo

« Carceleras »

Federico Moreno Torroba (1891-1982)

Zarzuela Luisa Fernanda

« Subir, subir y luego caer »

Federico Chueca (1846-1908)

Zarzuela El Bateo

Ouverture (Preludio)

Agustín Lara (1897-1970)

Granada

arrangé par Karel Mark Chichon

 

Rappels

 

Carlos Gardel (1890-1935)

« El dia que me quieras »

José Gomes de Abreu (1880-1935)

Tico Tico

Eduardo di Capua (1865-1917)

O Sole mio

 

Elīna Garanča, mezzo-soprano

Jonathan Tetelman, ténor

Münchner Rundfunkorchester

Karel Mark Chichon, direction

 

Baden-Baden, Festspielhaus, dimanche 7 janvier 2024, 18h

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