Forum Opéra

STANFORD, The critic – Wexford

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
22 octobre 2024
Bal(l)ade en Absurdie

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en deux actes de Charles Villiers Stanford
Livret de Richard Brinsley Sheridan

Crée à Londres au Shaftesbury Theatre en 1916

 

Détails

Mise en scène
Conor Hanratty

Scénographie
John Comiskey

Costumes
Massimo Carlotto

Lumières
Daniele Naldi

Assistant Lumières
Paolo Bonapace

Lord Burleigh
Tony Brennan

Governor of Tilbury Fort – Justice
Rory Dunne

Earl of Leicester
Gyula Nagy

Sir Walter Raleigh
Ben McAteer

Sir Christopher Hatton
Oliver Johnston

Sir Christopher Hatton (cover)
Rory Lynch

Master of the Horse – Constable
Meilir Jones

Don Ferolo Whiskerandos
Dane Suarez

Son
Andrew Henley

Tilburina
Ava Dodd

Confidant – First Niece
Hannah O’Brien

Justice’s Lady – Second Niece
Carolyn Holt

Mr. Puff
Mark Lambert

Mr. Dangle
Jonathan White

Mr. Sneer
Arthur Riordan

Hopkins
Olga Conway

 

Chef d’orchestre
Ciarán Mc Auley

Choeur et orchestre du festival de Wexford

samedi 19 octobre 2024, 19h30, Wexford festival, O’Reilly Theatre, National Opera House, Première

Comme le souligne Rosetta Cucchi, directrice artistique depuis 2020, les redécouvertes lyriques sont dans l’ADN du festival de Wexford. Le thème de cette année – le théâtre dans le théâtre – se prêtait idéalement à l’exhumation de l’exubérant the Critic, an opera rehearsed de Charles Villiers Stanford travaillant à partir d’une pièce de Richard Brinsley Sheridan. Les deux auteurs sont irlandais, ce qui rendait ici la recréation incontournable.

A la manière des poupées russes, Sheridan lui-même, en 1779, s’appuyait sur une pièce élisabéthaine parodique de 1671. Ainsi, dans l’écriture même il s’agit d’un théâtre dans le théâtre dans le théâtre, mais cousu de blanc à l’extrême au point que tous les fils de trames y sont exposés, grossis, caricaturés.

Quel éprouvant métier que celui de critique ! Le rideau se lève sur trois comédiens grimés en costumes XVIIIe incarnant le personnage éponyme, donc, convié par l’auteur et le compositeur à assister à la répétition de leur dernier opéra, The spanish Armada. Mark Lambert, Jonathan White et Arthur Riordan, irrésistibles, seront nos guides dans les invraisemblables embroglios de cette exécrable pièce du XVIIe siècle qu’ils commentent et interrompent sans cesse, à l’exaspération croissante des artistes.

Les tenues d’époques de Massimo Carlotto sont magnifiques, l’idée de placer l’action à l’envers au premier acte, comme si le public se trouvait en fond de scène face à une salle qui évoque le Globe, est excellente tout comme les jeux avec les codes de la scénographie baroque crées par John Comiskey qui s’amuse de toiles peintes, tissus, trompe-l’œil et autres accessoires de carton-pâte.

Voilà l’écrin idéal pour la mise en scène jubilatoire de Conor Hanratty qui accentue encore l’inanité volontaire du livret en déclinant tous les possibles d’une répétition : de réactions emphatiques à contretemps, en passant par les accessoires manquants, les batailles mal rythmées, les trous de mémoire remplacés par un vague chantonnement, l’impératif de mourir à nouveau, plus efficacement… La liste est fort longue et pourtant, tout cela est fait avec un grand sens de l’équilibre et du rythme – y compris dans le sur-jeu – évitant toute sensation d’à peu près.

© Patricio Cassinoni

Le cast s’est manifestement saisi avec bonheur de cette occasion d’en faire trop. Très homogène, il est formidable d’autodérision. On saisit chaque mot de ce texte qui confine parfois au surréaliste comme lorsque la déclaration d’amour de la jeune Tilburina se mue en leçon de botanique puis d’ornithologie. C’est d’ailleurs sans doute Ava Dodd, son interprète, qui se voit attribuer la partie la plus conséquente avec une enchaînement de soliloques dont la soprano irlandaise ne fait qu’une bouchée. Entendue ce printemps dans le Lac d’argent de Kurt Weill à l’opera National de Lorraine, débutant cet hiver en Adina à l’ English National Opera de Londres, elle bénéficie d’un timbre ductile, tout en agilité. Son talent de comédienne s’avère patent dans l’hilarante scène de folie parodique comme dans la la pathétique scène d’amour où Dane Suarez lui donne la réplique avec panache et de belles nuances en dépit d’un soutien intermittent.
Le père de la jeune fille, incarné par Rory Dunne est fort à son affaire tout en drôlerie et en fausse grandiloquence.

Issue de la Factory du festival – le programme de professionnalisation des chanteurs irlandais fondé il y a quatre ans – Hannah O’Brien campe la suivante et bénéficie d’un timbre charnu aux beaux graves tandis qu’Oliver Johnston et Ben McAteer campent d’impeccables « cavaliere » mâtinés de Tweedledum et Tweedledee tout aussi impeccables que Gyula Nagy.

L’orchestre du festival, très en verve sous la houlette souple, nuancée d’un beau jeu de couleurs de Ciarán Mc Auley, bénéficie de riches moments instrumentaux comme lors de l’irrésistible tableau où un personnage fait une entrée pleine de componction et passe par tout un arc-en-ciel d’émotions silencieuses entièrement portées par l’orchestre avant de ressortir sans avoir jamais ouvert la bouche.

Quelle mouche a donc piqué le très prolifique et sérieux Stanford, professeur de composition au Royal College of Music de Londres, pour commettre cette pièce improbable ? Si ce type de spectacle plein de « nonsense » est sans doute typiquement britannique et irlandais, comme le souligne de Dr Walsh dans une fort éclairante conférence donnée le matin de cette Première, l’on se prend également à convoquer en écho tous ces créateurs d’opérettes déjantés, Hervé en tête – « le compositeur toqué » comme on le surnommait – organistes très sérieux le jour et compositeurs d’œuvres délirantes la nuit venue, comme pour équilibrer le sérieux de leur carrière par un souffle tout droit venu d’Absurdie.

Un spectacle à découvrir les 24, 27 octobre et 1er novembre, pour lequel on rêverait d’une reprise tant le travail en est original et abouti.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en deux actes de Charles Villiers Stanford
Livret de Richard Brinsley Sheridan

Crée à Londres au Shaftesbury Theatre en 1916

 

Détails

Mise en scène
Conor Hanratty

Scénographie
John Comiskey

Costumes
Massimo Carlotto

Lumières
Daniele Naldi

Assistant Lumières
Paolo Bonapace

Lord Burleigh
Tony Brennan

Governor of Tilbury Fort – Justice
Rory Dunne

Earl of Leicester
Gyula Nagy

Sir Walter Raleigh
Ben McAteer

Sir Christopher Hatton
Oliver Johnston

Sir Christopher Hatton (cover)
Rory Lynch

Master of the Horse – Constable
Meilir Jones

Don Ferolo Whiskerandos
Dane Suarez

Son
Andrew Henley

Tilburina
Ava Dodd

Confidant – First Niece
Hannah O’Brien

Justice’s Lady – Second Niece
Carolyn Holt

Mr. Puff
Mark Lambert

Mr. Dangle
Jonathan White

Mr. Sneer
Arthur Riordan

Hopkins
Olga Conway

 

Chef d’orchestre
Ciarán Mc Auley

Choeur et orchestre du festival de Wexford

samedi 19 octobre 2024, 19h30, Wexford festival, O’Reilly Theatre, National Opera House, Première

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

De superbes Vêpres imaginaires, aussi ferventes que jubilatoires
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Le château qui barbe un peu
Matthias GOERNE, Mikko FRANCK, Aušrine STUNDYTE
Spectacle